Article du Courrier Picard concernant les amendes.

Le centre-ville veut s'ouvrir au skate

Considérant que le skate-board est devenu un moyen de déplacement alternatif, la Ville entend assouplir considérablement l'arrêté de 1991 interdisant sa pratique urbaine. Jusqu'alors, skater en centre-ville était passible de 38 € d'amende.

Ils en rêvaient. La Ville est sur le point de le faire. Les 150 skaters évoluant à Amiens pourraient vite être autorisés à rouler en centre-ville, sur la voie publique. Probablement d'ici le printemps.

Depuis plusieurs mois, les skaters, dont certains se sont fédérés au sein de l'association Amienskate, (lire plus bas), plaidaient pour un assouplissement de l'arrêté municipal pris le 11 avril 1991 par Gilles de Robien. Lequel interdit « les jeux tels que skate-board, patins à roulettes, rollers et trottinettes » sur la voie publique.

Pour Émilie Thérouin, adjointe en charge de la sécurité et de la prévention des risques, qui planche

actuellement sur la refonte des missions de la police municipale, un tel arrêté n'a plus de raison d'être. « Il y a un gros paquet d'arrêtés municipaux qui ne respectent pas trop nos valeurs. Dans ce paquet, on a la problématique des skates et patins à roulettes, interprétés comme un jeu. Or, on voudrait replacer l'usage du skate dans un contexte de loisirs et de mode de déplacement alternatif ».

« On n'a même pas un endroit couvert pour se réunir »

Un revirement qui n'est pas pour déplaire aux skaters, Clément Galaud, membre fondateur d'Amienskate, en tête. « Ça fait mal au cœur de se prendre une amende à 38 € simplement parce qu'on skate en ville. D'autant que nous sommes un peu stigmatisés, évoque le jeune homme. L'arrêté parle aussi des jeux de ballon mais les jeunes jouent au foot dans les rues sans problème ».

Évidemment, la pratique urbaine du skate devra se faire en bonne intelligence avec les piétons, comme le soulignent Émilie Thérouin et Lucien Fontaine, adjoint chargé de la jeunesse et de l'éducation populaire. Ce dont sont conscients les skaters. « L'usage "street" du skate créé des nuisances sonores, c'est sûr. Quant à dire qu'on dégrade le mobilier urbain, il ne faut quand même pas exagérer ! On n'a jamais cassé d'éléments. Après, il y a tout simplement l'usure », observe Clément Galaud.

Qui avec les autres membres de l'association pourra se faire l'écho d'un autre projet cher aux skaters d'Amiens : « La création d'un skate parc en centre-ville. On est une capitale régionale, avec une grosse communauté de skaters et on n'a même pas un endroit couvert pour se réunir, déplore Clément. Pourtant, c'est indispensable, et ça générerait une nouvelle économie pour Amiens ».

Un projet sur lequel la mairie se dit prête à réfléchir. Car il pourrait justement servir à encadrer une pratique plus urbaine du skate.

DELPHINE RICHARD

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